Gavarnie: au pied du mur

Publié le 8 Septembre 2015

Après deux jours de fête à Dax, notre « quotidien » reprend ses droits avec en ligne de mire une nouvelle destination : les Pyrénées et le Cirque de Gavarnie, lui aussi site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous sortons un peu de Dax grâce à Christophe qui remonte vers Pornic accompagné de Pierre, embarquant au passage quelques unes de nos affaires les plus encombrantes, dont un fameux chapeau de paille.

Le stop reprend ses droits, avec un certain succès. Nous n’attendons que peu de temps avant que ce loup solitaire un tantinet désabusé s’arrête pour nous avancer un petit bout de route avant de repartir taquiner le goujon dans sa montagne. Nous parvenons rapidement à Lourdes grâce à l’aide d’une étudiante en anglais à Pau et d’une gentille petite dame accompagnée de sa fille.

Lourdes n’est qu’une étape, nous ne sommes pas encore en quête d’un miracle ; quoique. C’est ici que doit nous récupérer notre hôte pour les deux prochains jours : si les Pyrénées ont déjà connu Roland de Ronceveaux, nous aurons Ronan, de Gavarnie.

Accompagné d’un autre couchsurfeur de nationalité israélienne, Ronan nous embarque à l’arrière de son land rover afin de monter un peu en altitude. La conduite sportive de notre hôte sur les routes de montagne nous chamboule un peu l’appétit.

Gavarnie: au pied du mur

Ronan habite principalement à Lourdes, mais possède une grange en plein cœur de la montagne, non loin du Cirque de Gavarnie. Peu avant notre arrivée, il nous briefe un peu sur ce qui nous attend : il y a deux ans, une énorme inondation a détruit le pont qui permettait de franchir le torrent qui longe sa grange et d’y accéder. Pas de quoi démonter Ronan, ce Mac Gyver des temps modernes : quelques vidéos regardées sur internet plus tard, notre homme avait construit lui-même un pont népalais surplombant le torrent ! Forcément, l’ouvrage ne requiert pas toutes les garanties de sécurité. Une pancarte prévient d’ailleurs : « ATTENTION, NE PAS MARCHER SUR LE CABLE DU MILIEU. RISQUE DE MORT FATALE GRAVE ». Et comme on aime les défis, c’est sans sourciller que l’on traverse le pont népalais d’une vingtaine de mètres de long qui surplombe le torrent de trois ou quatre mètres. On ne conseille pas aux personnes atteintes de vertige.

Gavarnie: au pied du mur

A l’arrivée, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Ronan prévient sur son profil couchsurfing qu’il faut accepter de vivre à la dure pour le solliciter. Il n’avait cependant pas prévu que la batterie de son générateur lâcherait. Au programme donc : une grange isolée, sans électricité, avec des toilettes sèches et une douche...artisanale. Heureusement : le feu est là ! C’est dans ces moments là que l’on se remémore l’essentiel : de quoi dormir, au chaud, en ayant mangé.

Gavarnie: au pied du mur

Le séjour chez Ronan, c’est tout simplement le moment couchsurfing que nous avons tous les deux préféré : c’est la cuisine, élaborée patiemment tous ensemble, que l’on déguste dans le noir avec pour seule lumière éclairant nos visages les flammes de ce feu béni. Ce sont ces conversations sur la guerre du Liban avec cet Israélien qui y était en 2006, ou sur la politique où l’on a retrouvé un électeur de Jacques Cheminade…C’est aller déboucher un peu plus haut le tuyau qui prélève de l’eau du torrent vers la grange. C’est ce ciel des Pyrénées, rempli d’étoiles ce soir là avec en bonus un festival d’étoiles filantes.

Gavarnie: au pied du mur

Le lendemain, Ronan souhaitait nous accompagner pour nous rendre au Cirque de Gavarnie. Son plan était d’accéder au site par des sentiers de randonnée connus seulement des initiés, afin d’éviter le chemin principal rempli de touristes. Nous nous mettons en route tardivement puisque dans la grange, la règle était de ne pas mettre de réveil.

Gavarnie: au pied du mur

Après avoir rapidement grimpé en altitude à bord du land-rover, nous constatons avec déception que les conditions climatiques sont loin d’être optimales. Une fine pluie se met à tomber et nous force à sortir nos K-way pour la seconde fois du voyage.

Gavarnie: au pied du mur

C’était parti pour une randonnée de six heures, qui se révéla en deçà de nos attentes. Les nuages ne se sont jamais décidés à nous quitter, masquant en partie le paysage qui promettait d’être somptueux. Le moment le plus difficile étant cette pause repas, durant laquelle nous nous sommes retrouvés à manger nos pauvres sandwichs debout, sous la pluie, les mains glacées par l’humidité en altitude. La randonnée valait quand même le coup, entre les traversées de torrents et l’incursion furtive en territoire espagnol.

Gavarnie: au pied du mur

Le jour d’après, et comme nous n’étions pas du genre à renoncer, nous reprîmes la route de Gavarnie en décidant cette fois d’emprunter le chemin touristique, qui comporte lui l’avantage d’être situé dans la vallée et par conséquent d’être plus ensoleillé.

Au fur et à mesure de notre avancée dans le site, on comprend mieux pourquoi l’Unesco s’est intéressée aux lieux. Gavarnie c’est assez simple : une vaste cuvette, où l’une des parois s’avère en fait être un immense mur de pierre. On ne peut s’empêcher d’y voir des similitudes avec le Mur d’une série télé mondialement connue.

Gavarnie: au pied du mur

Au pied du mur, point de gardiens ou de sauvageons, mais une foule de touristes bien décidés à grimper une pente sacrément raide jusqu’à la cascade, la plus haute de France et l’une des plus hautes d’Europe (423 mètres), qui participe à la beauté du site. On se joint gaiement à cette masse d’intrépides, et nos jambes en prennent pour leur grade. Nous prenons le temps de profiter de la vue du Cirque en mangeant sur le haut d’une des collines en son sein.

Gavarnie: au pied du mur

Très vite, c’est l’heure de repartir puisque nous voulions parvenir aux environs de Toulouse le soir même. Nous quittons notre hôte et son invité israélien, en formulant du mieux possible toute la gratitude pour ces moments qui survivront.

L’objectif stop est accompli, grâce à l’aide d’un couple de trentenaires amoureux de randos dans la région et d’une bande de sportifs en camping-car, tous passionnés de « cross-fit », discipline dont on ne soupçonnait même pas l’existence. On atterrit aux environs de Muret, à quelques mètres au sud de la ville rose. C’est l’occasion de la première nuit de camping sauvage, dans un verger à deux pas de la Garonne. Sans trop nous en rendre compte, nous venions juste d’entamer la phase de remontée de notre périple

Gavarnie: au pied du mur
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Rédigé par Lucas ; Jérémy

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